Biographie

 Joseph Rico naquit le 27 mai 1876 à San Vicenzo al Volturno (appelé aujourd'hui Castel San Vicenzo), petit bourg italien situé en Campanie, à une centaine de kilomètres de Naples.
Il était le dernier d'une famille de neuf enfants. Son père, Francesco Rico était bûcheron et avait beaucoup de difficultés à subvenir aux besoins de cette grande famille. C'est pour cette raison qu'il décida de placer ses deux jeunes garçons, Joseph (Guiseppe) et Liberato, au séminaire de Monte Cassino. Les deux frères passèrent quelques années au « Petit Séminaire » où ils étudièrent la théologie et la musique, apprenant également à jouer de plusieurs instruments. Ils se montrèrent très doués pour la musique, le solfège et les chants religieux.

À cette époque (1890) une grande vague d'immigration italienne vers le "nouveau monde" s'amorçait. Joseph avait entendu des rumeurs aux alentours du port de Naples laissant penser qu'au-delà de l'océan Atlantique, un monde d'opportunités s'ouvrait.
Après plusieurs semaines de palabres, il décida finalement son frère Liberato à partir pour New York avec deux de leurs cousins musiciens de la famille Gualano. Une nuit, à peine adolescents, ils s'échappèrent du séminaire et réussirent à embarquer sur un vapeur à roues en direction de cette terre de promesses. Joseph n'avait alors que 14 ans.

Arrivés à New York, après une traversée qui dura trente jours, ils se mirent en quête de musiciens, afin de compléter leur orchestre naissant, parmi la colonie italienne déjà assez importante. Joseph, dont l'instrument de prédilection était la harpe jouait aussi de la guitare et du piano. Liberato jouait de la mandoline et du violon. Très rapidement, les frères Rico et leur formation se firent connaître dans les environs de New York et de Chicago. Ils rencontrèrent un certain succès et jouèrent pour leurs compatriotes à l'occasion de mariages, baptêmes, communions et dîners divers.

Cependant, Francesco Rico, furieux que ses fils se soient enfuis vers une terre inconnue, décida courageusement d'aller les chercher en Amérique, alors qu'il ne savait ni lire ni écrire, et bien sûr, ne parlant pas l'anglais ! Mais, de retour au pays, Joseph et Liberato n'avaient qu'une seule idée en tête : retourner en Amérique ! Après de longues discussions, ils persuadèrent leur père de les laisser repartir avec Assunta, une de leurs soeurs. De retour à New York, ils formèrent un nouvel orchestre qui connut la célébrité et jouèrent successivement à Chicago, New York, Philadelphie et Boston.

Quelques années passèrent et Joseph se mit à composer des musiques et des mélodies, abandonnant la harpe pour devenir le chef d'orchestre de sa formation. Comme il avait un désir très fort de se perfectionner dans l'art de l’écriture musicale, il décida de se rendre à Paris, alors capitale mondiale de la musique, où il pensait pouvoir trouver une meilleure inspiration et développer son don artistique.
Il repartit donc pour l'Europe, à l'âge de vingt-trois ans, laissant Liberato à New York ainsi que sa soeur Assunta qui venait juste d'épouser un de ses amis musicien italien Joseph De Michele avec qui elle eut quatre enfants. Liberato retourna en Italie quelques années plus tard.

Sa patrie d'adoption fut alors la France, dont il prit la nationalité et qu'il ne quitta pour ainsi dire plus, partageant son temps entre Paris (1 bis rue du souvenir) et la côte d'Azur (Vence).
En 1900, il joua avec son orchestre à l'Exposition Universelle de Paris, et publia sa première oeuvre, « Vesuvio », valse pour Orchestre
En 1904, parut « J'ai peur d'aimer », pièce dans laquelle se dégageait déjà ce talent de charme et de mélancolie qui firent sa célébrité. Quelques années plus tard, « Une page d'amour », « Stella amorosa » et « J'ai tant pleuré » lui firent gagner la sympathie des foules. Joseph Rico fut consacré par le grand public : il avait acquis la popularité. En 1910, il triompha avec « Tu ne sauras jamais !... » fut un triomphe.
Il choisit ses collaborateurs parmi les paroliers parmi les plus en vogue de l'époque :
Maurice de Feraudy, éminent sociétaire de la Comédie-Française , Roland Gaël, l'ingénieux poète, auteur de l 'adaptation de « Gina » et surtout George Millandy, l'auteur de ses plus célèbres valses lentes « J'ai tant pleuré » et «Tu ne sauras jamais».

En 1912, il épousa Georgette qui lui donna deux fils, Francis et Jacques. Elle lui offrit complicité et soutien dans sa carrière de compositeur. Femme de tête, Georgette l'encouragea et le seconda avec talent si bien qu'il fut un des rares compositeurs qui vécut de sa musique !

En 1926, il reçut une lettre de son neveu Francky De Michele, le fils d'Assunta, en provenance de Californie.
Francky lui annonçait qu'il venait de s'installer à Los Angeles et d'être engagé en tant que clarinettiste aux studios Walt Disney à Hollywood et lui demandait de lui faire parvenir quelques anches de France. Joseph s'exécuta. Les anches, provenant dune petite manufacture française, connurent un tel succès auprès des autres clarinettistes des studios d'Hollywood, que Francky ne cessait d'en réclamer à son oncle. Finalement, ne pouvant plus répondre à la demande d'anches manufacturées, Joseph décida, en accord avec son neveu, lui envoyer des cannes de Provence récoltées dans le Var, berceau mondial du roseau à musique (Arundo Donax), afin que Francky fabrique ses propres anches. C'est ainsi que naquit, en 1928, la manufacture d'anches à laquelle Joseph Rico donna son nom. L'entreprise Rico est aujourd’hui  leader mondial sur le marché des anches et dérivés sous le nom de Rico International® by Daddario et appartient actuellement à la Société D'ADDARIO, N.Y.

Joseph Rico devint très célèbre en France et en Europe grâce à ses mélodies et notamment à ses « Valses Lentes ». Il composa plus de deux cents œuvres au total ! Trois de ses valses sont d'ailleurs devenues les thèmes principaux de la bande originale de plusieurs films : « J'ai tant pleuré » dans Baptême, « Tu ne sauras jamais » dans Fortuna (avec Bourvil et Michèle Morgan) et As You Desire Me, « Je ne sais pas si je vous aime » dans Monsieur Klein (avec Alain Delon). Parallèlement à la création, il continua à être chef d'orchestre et eut le privilège de jouer pour toutes les cours royales européennes des années 1900.